03/12/2013 13:15

Fa la la la la, la la la laaaaa

Bon, ça y est! C'est le temps de donner et de partager. C'est le temps de penser à ceux qu'on aiment et ceux qui sont dans le besoin. Profitez-en, car le 2 janvier la vie continue pour nous. Nous serons alors occupés, embêtés par nos problèmes ou polarisés par les débats politiques.

Il y a quelques semaines, j'allais au restaurant avec ma mère et mon garçon. Ma mère, que je ne vois jamais assez (et c'est moi qui le dit!), voulait aller au buffet chinois, alors buffet chinois ce fût. À l'entrée, il y avait un gars qui demandait un peu de ''change''. Je n'ai jamais d'argent sur moi, j'ai une carte de crédit et une carte de guichet mais pas de monnaie, pas de papier. Je lui ai fait remarquer. En me lançant une blague, il m'a répondu ne pas pouvoir prendre interac.

Je suis allé rejoindre mes invités, mais j'étais tout croche. Je n'ai pas dit un mot pendant les 15 premières minutes. Je me suis levé une première fois pour retourner jaser avec le type en question.

-''Es-tu là longtemps, penses-tu pouvoir attendre 15 minutes?''

-''Oui, je me ramasse un peu d'argent pour aller faire un épicerie, pourquoi?''

-''As-tu faim là là? Veux-tu un bon souper pour ce soir et demain? Je vais t'arranger quelque chose''.

Et je suis entré et j'ai un commandé un gros #2. Quinze minutes après, je suis allé lui remettre le gros paquet encore chaud, rempli de soupes, de rouleaux chinois, de poulet et de boeuf. Je lui ai dit que c'est ce que je pouvais faire pour lui. J'avais le ''moton'' dans la gorge et il était très ''moton''. Je l'ai laissé avec son repas en lui serrant la main et en lui disant, les yeux dans les yeux, '' lâches pas mon chum, lâches pas''. Et je suis allé retrouver ma mère et mon gars. Et j'ai pleuré, pleuré en regardant mon assiette, trop fier pour afficher toute la sensibilité que je ressentais. Nous n'avons pas dit un mot pour une demi-heure. En même temps, une grande chaleur s'est envahie en moi. Je savais que je pouvais faire mieux, que tous pouvions faire mieux.

C'est bizarre, mais quand j'y repense, il arrive que ça me frustre. Tant d'argent perdu et tant d'énergie gaspillée pour des causes perdues d'avance. Sur nos perchoirs dorés nous assistons, bien malgré nous, à toute une démonstration de mauvaise conduite systémique qui s'est installé sous nos yeux, sous notre nez. Nous sommes outrés le temps de la nouvelle et zappons pour voir quelle hystérique a gagné à Occupation Double.

Quant à moi, je m'en veux d'avoir été émotif ce soir là. Je ne lui ai pas demandé son nom, je ne lui ai pas donné l'occasion de me parler de lui, de sa famille ou de sa situation. J'aimerais bien le revoir pour me reprendre. Je suis chanceux, j'ai la possibilité de me reprendre, lui n'a certainement pas eu cette chance!

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